
Un volume chirurgical continu permet aux urgentistes de maintenir, d'améliorer et de perfectionner leurs compétences essentielles pour sauver des vies. En raison de la localisation et de la population de patients des établissements médicaux militaires, le volume chirurgical dans ces établissements est faible. Bien que la littérature ne précise pas le volume chirurgical exact nécessaire pour atteindre la compétence, l'Accreditation Council for Graduate Medical Education (ACGME) aux États-Unis a fixé des exigences minimales pour l'obtention du diplôme de médecin résident. Il existe peu d'études sur le sujet, et encore moins ciblant les urgentistes. Les recherches sur les chirurgiens indiquent qu'un volume chirurgical élevé est corrélé à de meilleurs résultats thérapeutiques. Des études limitées sur le personnel médical militaire montrent un écart entre le volume chirurgical des urgentistes militaires et les besoins réels. Cette étude reflète également le faible volume chirurgical global et les différences significatives entre les types d'interventions chirurgicales pratiquées selon les établissements médicaux.

La plupart des militaires sont jeunes et en bonne santé, ce qui se traduit par une diminution des urgences aux urgences des établissements médicaux militaires, et donc par une diminution du nombre d'interventions d'urgence nécessaires. Malgré la réduction des effectifs militaires en Irak et en Afghanistan, les environnements difficiles et la demande croissante de soins prolongés sur le champ de bataille exigent que le personnel médical maîtrise les compétences en traumatologie. Une réévaluation régulière du volume chirurgical aux urgences des établissements médicaux militaires est essentielle pour tester et maintenir les compétences cliniques nécessaires sur le champ de bataille.
Matériels et méthodes
Des données sur les interventions chirurgicales d'urgence étroitement liées aux soins de traumatologie ont été recueillies auprès des services d'urgence de sept établissements médicaux de l'armée entre 2014 et 2016. Ces interventions comprenaient la chirurgie des voies aériennes, le cathétérisme veineux central et l'intubation. Ces sept établissements médicaux étaient : l'hôpital communautaire militaire Evans (EACH), l'hôpital communautaire militaire Irwin (IACH), l'hôpital communautaire militaire General Leonard Wood (GLWACH), l'hôpital communautaire militaire Bayne-Jones (BJACH), le centre médical militaire Brooke (BAMC), le centre médical militaire William Beaumont (WBAMC) et l'hôpital communautaire militaire Carl R. Darnell (CRDACH).
Résultats
Français Au cours de la période d'enquête, ces établissements ont effectué un total de 1 450 interventions, dont 973 intubations, 473 cathétérismes veineux centraux et 4 chirurgies des voies aériennes. La moyenne annuelle pour les intubations et les cathétérismes veineux centraux était respectivement de 69,5 et 38,8. Environ 40,5 intubations et 19,7 cathétérismes veineux centraux ont été effectués chaque mois. La plupart de ces interventions ont été réalisées par le BAMC. Hors BAMC, la moyenne annuelle pour les intubations tombe à 28,1, et pour les cathétérismes veineux centraux, à 13. Les quatre chirurgies des voies aériennes ont été réalisées par le BAMC.


Discussion
L'enquête a révélé une variation significative du volume d'interventions chirurgicales entre les sept établissements médicaux sur deux ans. Les possibilités pour le personnel médical de pratiquer des compétences chirurgicales dans les services d'urgence des différents établissements médicaux de l'armée varient considérablement.
Par rapport aux données publiées précédemment, le BAMC et le BJACH (les deux institutions disposant de données accessibles au public) ont montré une augmentation significative du nombre d'intubations, tandis que le nombre de cathétérismes veineux centraux est resté stable et le nombre de chirurgies des voies respiratoires a diminué.
Les urgentistes débutants ont besoin de plus d'interventions pour maintenir leurs compétences que leurs aînés. La plupart des urgentistes militaires sont débutants, jeunes et inexpérimentés, et rejoignent généralement la vie civile après quatre ans de service initial. Lors des missions, les jeunes médecins sont généralement déployés en première ligne, tandis que les médecins plus expérimentés assument des rôles de direction. Bien que le lien entre le maintien des compétences chirurgicales et le volume d'interventions ne soit pas clair, le déploiement de jeunes médecins inexpérimentés et sous-formés dans des opérations militaires relativement isolées est préoccupant.
La plupart des établissements médicaux interrogés n'ont pratiqué aucune chirurgie des voies aériennes en deux ans, ce qui souligne la difficulté de maintenir les compétences cliniques en raison du faible volume chirurgical. En revanche, 97 % des hôpitaux civils pratiquent des chirurgies des voies aériennes équivalentes chaque année. Les hôpitaux de la Marine sont confrontés à des problèmes similaires. Les services médicaux militaires devraient envisager des mesures telles que l'autorisation pour le personnel médical de travailler en milieu civil afin d'augmenter le volume chirurgical.
Depuis 1996, le BAMC peut accueillir des patients civils traumatisés, généralement peu fréquents dans les établissements médicaux militaires. Ce modèle pourrait toutefois ne pas être entièrement reproductible dans d'autres hôpitaux militaires.
Selon les directives de l'Agence de santé de la Défense, le nombre de spécialités médicales non liées au combat (obstétrique, dermatologie) est en baisse, ce qui augmentera les possibilités pour les urgentistes de prendre en charge des patients non urgents, mais pourrait également entraîner une diminution du nombre d'interventions chirurgicales. De plus, un nombre relativement important d'assistants médicaux (AM) travaillant en milieu préhospitalier sur le champ de bataille pratiquent des interventions similaires à celles des urgentistes dans cette étude. Le volume d'interventions chirurgicales des urgentistes est faible, et celui des AM encore plus faible, ce qui soulève des inquiétudes quant à leur préparation clinique dans des environnements difficiles.
Limites
Cette étude est basée sur des codes chirurgicaux, mais certaines procédures peuvent ne pas avoir été enregistrées, ce qui conduit à des données incomplètes.
De plus, les médecins urgentistes militaires participent également à des missions de déploiement. Même sans tenir compte de ces déploiements, leur volume chirurgical est insuffisant. L'étude n'a pas pris en compte le personnel médical militaire travaillant à temps partiel dans des environnements civils en dehors de ses fonctions officielles, mais cela ne ferait probablement pas de différence significative.
Conclusion
L'enquête menée auprès de sept services d'urgence d'établissements médicaux militaires sur deux ans a révélé un faible volume chirurgical et des différences significatives entre les établissements. Un volume chirurgical insuffisant peut affecter le maintien des compétences en traumatologie clinique. Les recherches futures devraient clarifier la relation entre le volume chirurgical et le maintien des compétences et proposer le volume chirurgical nécessaire à chaque médecin des services d'urgence militaires pour maintenir ses compétences cliniques.