Améliorer la qualité du sommeil pour une meilleure immunité

Boosting Sleep Quality for Improved Immunity - FlareSyn

Sommeil, fonction immunitaire et vaccination chez le personnel militaire : défis et orientations futures

Le manque de sommeil , caractérisé par une durée de sommeil insuffisante, une mauvaise qualité de sommeil et/ou des troubles du sommeil, a des effets néfastes sur divers systèmes corporels et augmente le risque de maladies. La relation entre sommeil et santé est bidirectionnelle : la maladie aggrave le manque de sommeil, et le manque de sommeil affecte négativement les résultats des traitements, ce qui entraîne des périodes de convalescence prolongées. Selon l'enquête de 2015 du Département de la Défense sur les comportements de santé, le personnel militaire présente un risque deux fois plus élevé de manque de sommeil que ses homologues civils. Les facteurs affectant le sommeil du personnel militaire sont complexes et répandus, notamment un entraînement physique et mental intense, des horaires irréguliers et des conditions de sommeil défavorables.

Un sommeil régulier est essentiel au bon fonctionnement du système immunitaire et au renforcement de l'immunité. Le manque de sommeil amplifie les signaux pro-inflammatoires, augmentant ainsi le risque d'infections. À l'inverse, les infections activent le système immunitaire, modifiant les taux de cytokines et affectant ainsi le sommeil. De nombreuses molécules immunorégulatrices, notamment celles liées à l'inflammation, telles que l'interleukine-1, le facteur de nécrose tumorale alpha, les prostaglandines et les facteurs de croissance, interviennent également dans la régulation du sommeil. De plus, des composants des membranes cellulaires, comme les peptidoglycanes et les lipopolysaccharides, peuvent activer le système immunitaire, favoriser les réponses inflammatoires et influencer le sommeil.

Les recherches sur le lien entre sommeil et infection chez le personnel militaire sont limitées. Une étude menée auprès de recrues de l'armée britannique a révélé que celles qui dormaient moins de six heures présentaient un risque quatre fois plus élevé de contracter des infections respiratoires, comme la COVID-19, que celles qui dormaient entre sept et neuf heures, ce qui entraînait une perte de jours d'entraînement plus importante. Cette étude s'est concentrée uniquement sur la COVID-19, soulignant la nécessité de poursuivre les recherches sur les rôles du sommeil, de l'infection et de la santé globale du personnel militaire. Des études récentes menées auprès de la population générale ont montré une corrélation entre la qualité du sommeil et la gravité des symptômes de la COVID-19.

Le sommeil et l'immunité font partie des nombreuses activités régulées par l'horloge biologique centrale de l'hypothalamus. Des rythmes circadiens perturbés entraînent des troubles du sommeil, tels que la somnolence diurne et l'insomnie nocturne, et affectent le système immunitaire de multiples façons : (1) L'horloge biologique centrale contrôle les rythmes diurnes des médiateurs immunitaires ; (2) Les rythmes circadiens influencent la sensibilité virale, ces rythmes perturbés entraînant une réplication et une propagation virales rapides ; (3) Les réponses bactériennes aux endotoxines et exotoxines ainsi que les réactions aux cytokines pro-inflammatoires sont régulées par les rythmes circadiens, affectant l'apparition et la progression de la maladie ; (4) Les rythmes circadiens ont un impact sur la vaccination, influençant la réponse anticorps et la séroconversion. Ainsi, le sommeil, les rythmes circadiens et le système immunitaire sont interconnectés, s'influençant et se modulant mutuellement.

Perturbation circadienne, privation de sommeil et défis liés à la vaccination militaire

La perturbation du rythme circadien et le manque de sommeil sont souvent concomitants. Par exemple, avant de commencer l'entraînement de base, les nouvelles recrues de l'armée américaine traversent plusieurs fuseaux horaires pour rejoindre les camps d'entraînement. Une fois l'entraînement commencé, elles doivent rapidement s'adapter à un horaire de sommeil matinal, ce qui perturbe leurs rythmes habituels et raccourcit la durée du sommeil, affectant ainsi sa qualité. Certaines activités d'entraînement aggravent encore ce phénomène, comme le « Crucible » du Corps des Marines, un test final de 54 heures au cours duquel les recrues ne dorment que huit heures tout en effectuant diverses tâches de haute intensité, notamment des infiltrations nocturnes et des marches. Les maladies infectieuses sont plus fréquentes pendant l'entraînement de base aux États-Unis que chez leurs homologues civils, avec des taux d'infections respiratoires plus élevés. Les recrues doivent recevoir leurs premières vaccinations dans les premiers jours suivant leur arrivée aux camps d'entraînement et recevoir plusieurs rappels tout au long de la formation. Français L'armée américaine a investi massivement dans la vaccination pour la prévention des maladies infectieuses, comme l'illustrent les succès historiques tels que le programme de vaccination contre la variole du président George Washington, la vaccination contre la grippe pendant la Seconde Guerre mondiale et la réintroduction du vaccin contre l'adénovirus en 2011. Malgré la vaccination, les épidémies de maladies surviennent encore fréquemment, comme en témoignent les cas d'adénovirus, de grippe et de COVID-19 après la vaccination dans les camps d'entraînement. Le rapport d'efficacité du vaccin contre la grippe de mi-saison 2019-2020 de la branche de surveillance de la santé des forces armées n'a montré que des niveaux de protection faibles à modérés pour le personnel en service actif (efficacité ajustée [IC à 95 %] = 12 % [-10-30] pour la grippe A, 58 % [9-80] pour la grippe H3N2 et 31 % pour la grippe B). Ces résultats soulignent la nécessité de stratégies pour améliorer les niveaux d'anticorps post-vaccinaux et garantir l'efficacité clinique.

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Malgré des investissements importants dans la vaccination, la surveillance des maladies et le traitement, la durée et la qualité du sommeil post-vaccinal des recrues et de l'ensemble du personnel militaire ne sont pas suffisamment prises en compte. Des recherches indiquent que le manque de sommeil pourrait avoir un impact sur les réponses immunitaires. Par exemple, des études menées sur la population générale ont montré qu'une seule nuit de manque de sommeil immédiatement après la vaccination contre l'hépatite A entraîne des taux d'anticorps deux fois plus faibles à 16 semaines après la vaccination que dans les groupes non privés, avec des taux plus faibles d'hormones immunorégulatrices. De plus, la durée du sommeil pré-vaccinal influence la durée de la réponse anticorps, la raccourcissant de 1 à 4 mois. Une méta-analyse récente sur la durée du sommeil et la réponse vaccinale a révélé qu'une courte durée de sommeil affecte négativement la production d'anticorps (taille de l'effet [IC à 95 %] = 0,79 [0,4-1,18]). Ces études suggèrent que le sommeil joue un rôle essentiel dans les réponses immunitaires induites par le vaccin, affectant potentiellement les résultats cliniques, ce qui nécessite des recherches plus approfondies sur les mécanismes et les effets sous-jacents, y compris pour les vaccins récemment développés comme ceux contre la COVID-19.

Bien que la privation de sommeil soit inévitable lors de certaines missions et formations militaires, son impact sur l'efficacité des vaccins pendant l'entraînement de base et les opérations militaires plus larges reste à évaluer. Si les vaccins peuvent prévenir les maladies infectieuses, aucune étude n'a évalué l'effet de la privation de sommeil sur la réponse vaccinale du personnel militaire ni examiné l'impact du moment de la vaccination sur les taux d'anticorps et la séroconversion. La connaissance des professionnels de santé et des commandants militaires concernant l'interaction entre sommeil, vaccination et immunité reste floue. Enfin, les stratégies d'amélioration du sommeil et les contre-mesures contre la privation de sommeil nécessitent des recherches et une mise en œuvre plus poussées afin d'améliorer la qualité du sommeil avant et après la vaccination.

La pandémie de COVID-19 et le besoin urgent de vaccination ont une fois de plus mis en évidence la menace persistante des maladies infectieuses pour la santé, la sécurité et la préparation du personnel militaire. Les vaccins demeurent un outil essentiel contre ces maladies. Par conséquent, l'étude du lien entre le manque de sommeil et le système immunitaire du personnel militaire, notamment la production d'anticorps et l'efficacité des vaccins, revêt une importance capitale. Les coûts élevés associés aux soins de santé militaires, aux journées de travail perdues, à l'impact opérationnel et aux incidents de sécurité dus à la maladie soulignent l'importance de ces recherches. Les résultats pourraient étayer la formation future, les programmes de vaccination et le maintien complet de la santé du personnel militaire.

Orientations de recherche futures recommandées :

  • Évaluation des habitudes de sommeil du personnel militaire avant et après la vaccination.
  • Évaluation des réponses immunitaires et de l’efficacité du vaccin en fonction des habitudes de sommeil avant et après la vaccination.
  • Déterminer les moments optimaux de vaccination influencés par les rythmes circadiens.
  • Tester l’efficacité des stratégies d’amélioration du sommeil pour améliorer la qualité du sommeil avant et après la vaccination (par exemple, maintenir des horaires de sommeil cohérents, faire la sieste, réduire les perturbations environnementales).
  • Étude de l’influence potentielle du chronotype sur le sommeil, le moment de la vaccination et la réponse immunitaire.
  • Évaluation de l’impact des perturbations du sommeil et du rythme circadien (par exemple, travail posté ou opérations à travers les fuseaux horaires) sur les réponses immunitaires post-vaccinales et l’efficacité du vaccin.
  • Étude des effets de l’administration simultanée de plusieurs vaccins sur les réponses immunitaires (courantes dans la formation de base) et l’influence du sommeil.
  • Enquête sur la sensibilisation des commandants militaires aux relations entre le sommeil, la vaccination et le système immunitaire.
  • Analyse des connaissances des prestataires de soins de santé militaires sur l’importance du sommeil pour le système immunitaire et la vaccination.
  • Évaluation de l’impact de l’éducation à l’amélioration du sommeil et de la mise en œuvre des politiques avant et après la vaccination.

De telles recherches pourraient fournir des informations et des preuves précieuses pour soutenir le maintien complet de la santé du personnel militaire, améliorant ainsi leur état de préparation et leur efficacité opérationnelle.

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